Depuis une semaine la polémique entre Edwy Plenel et Charlie Hebdo fait rage. Cette bagarre de communiqués fait le bonheur des extrémistes de tous bords de l’extrême-droite raciste à l’extrême-gauche antisémite.
Tout d’abord revenons sur les faits. Suite à la une de Charlie Hebdo, Edwy Plenel aurait déclaré : « La Une de Charlie Hebdo fait partie d’une campagne plus générale que l’actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. M. Valls et d’autres, parmi lesquels ceux qui suivent M. Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême droite identitaire, trouvent n’importe quel prétexte, n’importe quelle calomnie, pour en revenir à leur obsession : la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l’Islam et les musulmans »
Dire qu’attaquer les djihadistes c’est faire la guerre aux musulmans est non seulement faux mais idiot. Pour de nombreux penseurs musulmans, il ne viendrait pas à l’idée que l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam.
Ainsi Abdewahab Medded écrit dans « La maladie de l’Islam » que « si le fanatisme fut la maladie du catholicisme, si le nazisme fut la maladie de l’Allemagne, il est sûr que l’intégrisme est la maladie de l’Islam »
Nous constatons chez certains un genre de schizophrénie. D’un côté ils condamnent Edwy Plenel et d’un autre ils nous disent qu’il ne faut pas faire confiance aux musulmans, que ces derniers sont « complices » car c’est la religion musulmane qui « ordonne » de perpétrer des attentats. Certains vont jusqu’à assimiler chaque musulman à un tueur. Affirmation raciste.
Schizophrènes car faire des généralités sur les musulmans est exactement ce que dit Edwy Plenel. Lorsqu’il écrit que Charlie Hebdo prend prétexte de l’islamisme pour diaboliser l’islam, cela équivaut à dire qu’islamisme et islam sont la même chose.
Nous lisons de plus en plus sur les réseaux sociaux des propos racistes, anti musulmans (je n’emploie pas le terme controversé d’islamophobie créé par le CCIF), propos qui justement servent la cause d’organisations comme le CCIF ou les Indigènes de la République. Ceux qui écrivent ces propos racistes, ceux qui font des généralités ne comprennent pas qu’ils font le jeu de ces organisations qui nous disent à longueur de temps « Vous voyez, nous ne faisons que défendre l’Islam, pas les islamistes »
Au lieu de faire des généralités sur l’Islam, nous devons soutenir les penseurs musulmans qui eux font une différence entre Islam et islamisme, Nous devons apporter notre soutien à des intellectuels comme Boualem Sansal qui écrit dans son ouvrage « 2084 : la fin du monde » : « pour les bien-pensants, critiquer l’islamisme, c’est critiquer l’Islam »
Nous ne devons pas non plus dire qu’il n’y a aucun rapport entre l’islamisme et l’Islam car lorsque lorsqu’un attentat est perpétré par les islamistes, ces derniers, que cela soit à Paris, Tel- Aviv, Londres ou Madrid le font au nom de l’Islam.
Jean Birbaum nous explique dans son livre « Un silence religieux, la gauche face au djihadisme » qu’« Affirmer sur tous les tons que les djihadistes n’ont rien à voir avec l’islam c’est considérer que le monde musulman ne se trouve pas concerné par les fanatiques c’est suggérer que le djihadisme n’aurait aucun lien avec l’Islam »
Argumenter en disant qu’il n’y a aucun rapport entre l’Islam et l’islamisme est contre-productif car nous savons tous qu’à l’intérieur de l’Islam plusieurs courants s’affrontent : les islamistes et les autres, nous savons tous que l’Islam est en guerre avec lui-même. Guerre qui n’oppose pas l’Islam et son instrumentalisation politique mais guerre qui oppose ceux qui prônent un Islam salafiste (prônant un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples) et ceux qui veulent interpréter, moderniser les textes
Lorsque nous lisons l’Ancien et le Nouveau testament, nous nous apercevons que les appels aux meurtres, à la violence sont nombreux. La plupart des rabbins et des prêtres ont enseigné au fil des générations que les peuples ne doivent pas prendre au pied de la lettre tout ce qui était écrit dans ces textes. Les imams doivent eux aussi enseigner cela.
L’avenir de l’Islam doit passer par les penseurs de l’Islam qui font une différence entre Islam et islamisme et chacun d’entre nous a le devoir de les soutenir. En faisant des généralités sur les musulmans nous aidons les salafistes qui condamnent par des fatwas ces penseurs. En écrivant que l’islamisme n’est pas l’Islam, nous injurions ces mêmes penseurs qui ne veulent que le bien de l’humanité.
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