Le 22 février 2017, le CRIF a organisé son dîner annuel où comme chaque année le monde politique était présent. Le monde politique, oui, mais pas tout le monde.
Ni les verts, ni l’extrême-gauche, ni l’extrême-droite n’étaient invités. Il est compréhensible que des personnes qui ont en leur sein des anti-israéliens et des antisémites notoires ne soient pas conviés.
La direction du CRIF a décidé d’inviter Benoît Hamon et quelques heures après le dîner, une partie de la communauté juive a crié au scandale.
Ainsi, il était possible de lire sur les réseaux sociaux qu’on aurait dû interdire l’entrée à « l’antisémite » Benoît Hamon, que ce dernier est un anti israélien et comme souvent, l’injure suprême était que Benoît Hamon comme Anne Hidalgo, comme François Hollande, enfin comme toute la gauche, étaient de sales gauchistes antijuifs et anti-Israéliens.
On peut être en désaccord avec la politique du Gouvernement sur le Proche-Orient, mais dans ce cas, soyons justes et équitables. Pour cela lisons ce que disent certaines sources officielles
Au niveau économique, le Ministère français des finances écrit sur son site : « Israël est la plus grande économie du Proche-Orient : selon la banque mondiale son PIB, de plus de 300 milliards de dollars, dépasse celui de l’Egypte. La croissance reste dynamique (près de 3 % en 2016 et 2017 selon les prévisions de la banque d’Israël), et les fondamentaux sont solides. »
« La volonté d’accroître les échanges entre les deux pays s’est traduite par la revitalisation ou la création de programmes franco-israéliens de soutien aux partenariats technologiques bilatéraux (cofinancement par les deux pays de projets conjoints, programme d’accélération croisée de start-ups, journée de l’innovation dont la dernière édition a réuni à Paris environ 350 participants). »
« Depuis janvier 2016, le lancement d’un réseau ‘French Tech Israël’, qui réunit des acteurs français de l’écosystème israélien de l’innovation, contribue également aux relations entre la France et Israël dans ce domaine ».
Au niveau culturel, le Ministère français des Affaires étrangères nous apprend que : « La coopération culturelle, scientifique et technique est fondée sur un accord bilatéral datant de 1959. Les moyens qui y sont consacrés sont substantiels (1,723 millions d’euros en 2015). La France occupe la position de 4ème partenaire de coopération avec Israël en matière de recherche scientifique et technologique. »
Au niveau militaire, il est intéressant de prendre connaissance de la question écrite du député Jean-Jacques Candelier au Ministre de la Défense française. (Question n° 101120)
En effet, ce député s’inquiétait du fait que « pour la première fois dans l’histoire de la défense des deux pays (Israël et France) des avions français et israéliens s’entraînaient ensemble pour des simulations de combats aériens au-dessus du territoire français. »
Le Ministre de la Défense a répondu le 24 janvier 2017 que : « Les armées française et israélienne ont procédé à des entrainements communs menés depuis la base aérienne 126 de Solenzara en Corse du 2 au 11 novembre 2016. Dans le cadre de cet exercice, cinq appareils F-15 israéliens ont été déployés aux côtés de Rafale français présents sur le site. La coopération militaire avec Israël est ancienne. »
Au vu de ces exemples concrets, il est difficile d’accuser le gouvernement « gauchiste » français d’être anti-israélien !!!!
Je m’étonne encore que toutes ces personnes qui font haro sur la gauche française (et souvent israélienne) n’aient pas crié au scandale lorsque l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy, a fait que l’Autorité Palestinienne soit reconnue comme Etat à l’UNESCO.
D’ailleurs l’ancien Président des Etats-Unis Barack Obama (encore un anti-israélien et un anti-juif pour beaucoup) avait rappelé quelques jours après le vote de l’UNESCO « avoir eu une conversation ‘franche et ferme’ avec son homologue français Nicolas Sarkozy à propos du soutien de la France à l’adhésion des Palestiniens à l’Unesco. »
Barack Obama a dit avoir été déçu par la décision de Paris dans ce dossier, rappelant que Washington avait, en conséquence de la reconnaissance de la Palestine, suspendu ses versements à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
Quelques années plus tard, en novembre 2014, ce même Nicolas Sarkozy disait lors d’un meeting UMP à Boulogne : « Je me battrai pour que les Palestiniens un jour aient leur Etat, tout comme je me suis battu pour les faire entrer à l’UNESCO. »
Je m’étonne que ces mêmes personnes n’aient rien dit lorsque M. Fillon a prôné sur France Inter en novembre 2015 de « constituer une alliance mondiale avec tous les combattants possibles et d’appuyer les seules forces au sol qui combattent réellement l’État islamique, qui sont des forces hétéroclites, qui ne sont pas toutes faciles à défendre compte tenu de leur comportement passé, puisque ces forces, c’est les Kurdes, qu’on aide mais pas suffisamment et qui par ailleurs se font bombarder par les Turcs, c’est le Hezbollah, qui combat l’État islamique avec le soutien de l’Iran […], l’armée nationale syrienne et dans une moindre mesure l’armée irakienne ».
Au journaliste qui lui demande si la France doit soutenir le Hezbollah, dont la branche militaire figure sur la liste des organisations terroristes de l’UE, M. Fillon répond : « Je pense que la coalition mondiale doit aider tous ceux qui sont sur le terrain capables de battre l’État islamique. Sinon nous allons entrer dans un conflit qui va durer vingt ans. Ou alors l’alternative, c’est d’y aller nous-mêmes. Et chacun sait que les Occidentaux n’iront pas combattre en Syrie : les Américains n’iront jamais et sans les Américains, les autres Occidentaux ne peuvent pas y aller. »
Il est vrai qu’en 2013, ce même François Filon avait rencontré au Liban Ammar Moussaoui, responsable des relations internationales du Hezbollah.
Enfin je m’étonne du silence d’une grande partie de la communauté juive face aux déclarations de M. Jean-Frédéric Poisson, candidat aux primaires des Républicains.
En effet ce dernier déclarait au sujet des élections américaines que « La proximité de Mme Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France.»
A ceux qui traitent la gauche d’antisémite et d’anti-israélienne, je demande de réfléchir à leurs dires car c’est une accusation forte, mais surtout je leur demande de ne pas être impartiaux dans leurs propos.
N’oublions jamais ce que nous disait Winston Churchill : « La vérité est incontestable, la malveillance peut l’attaquer, l’ignorance peut s’en moquer, mais à la fin, elle demeure. »
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