Depuis novembre dernier, pas un jour sans que les gilets jaunes ne soient au cœur de l’actualité. Discuter de ce mouvement provoque tout de suite polémiques, haines, incompréhension. J’en ai moi-même fait les frais en me faisant traité de « juif de service qui courbe la tête ».
Le mouvement des gilets jaunes a commencé avec la flambée du prix des carburants de ces derniers mois. Une fronde qui a trouvé son apogée le 17 novembre dernier où plus de 290 000 personnes ont manifesté partout en France.
Depuis, pour certains, nous assistons à un mouvement social et pour d’autres à un mouvement insurrectionnel.
Pour comprendre un mouvement, nous devons d’abord le définir
Un mouvement insurrectionnel a pour but de s’insurger, de se soulever contre le pouvoir établi pour le renverser comme en 1848.
Un mouvement social tend à assurer une meilleure justice sociale ou à renforcer la solidarité ou la participation sociale.
Au vu de ces définitions et des revendications de la majorité des gilets jaunes, nous pouvons donc définir cette fronde comme un mouvement social.
Qui sont les gilets jaunes ?
Les gilets jaunes sont en majorité de province. Beaucoup sont des retraités, des petits patrons, des chômeurs ou des employés. Rares sont les cadres qui participent à ce mouvement.
Les femmes sont très nombreuses dans les diverses manifestations et nombre d’entre elles sont des femmes seules élevant leurs enfants. Nous savons tous que les familles monoparentales ont plus que d’autres des difficultés à trouver emploi et logement.
Maintenant que nous savons qui sont les gilets jaunes d’origine, essayons de comprendre pourquoi ce mouvement est devenu si décrié par une partie de la population.
Les gilets jaunes et les partis politiques
Aucun parti politique n’a vu arriver cette fronde populaire. Les syndicats comme les partis politiques ont été dépassés par les événements. Après quelques jours de flottement, nombre de politiciens ont revêtu le gilet jaune pour essayer de gagner quelques voix. Ainsi se sont greffées au mouvement les extrêmes-droite et gauche qui voulaient faire de ce mouvement social un mouvement insurrectionnel.
Paris et la province
Les états-majors des partis politiques sont à Paris et c’est de cette ville que les politiciens ont essayé de se greffer au mouvement.
Lors des premières manifestations des gilets jaunes en province, les casseurs et les extrémistes n’étaient pas nombreux car le but de ces rassemblements était social. Lors des marches à Paris, les revendications sociales, avec l’aide des états-majors politiques, n’étaient plus la priorité.
Le mouvement des gilets jaunes est à la croisée des chemins. Pour continuer, il doit se ressaisir et redevenir ce qu’il était à ses débuts, c’est-à-dire un mouvement social et seulement un mouvement social. Pour continuer et être entendu de tous il doit :
Se structurer et s’unir
Pour négocier, les gilets jaunes devront se rassembler en un seul bloc pour parler de la même voix. Comme toute organisation, il y aura des désaccords en son sein mais un processus démocratique devra être trouvé pour s’organiser et nommer des représentants. Un gouvernement, quel qu’il soit, ne peut inviter plus de 100 000 personnes à une négociation.
Nettoyer ce mouvement de tous ces extrémistes
Ces dernières semaines, nous entendons chez certains gilets jaunes des propos antisémites, racistes, sexistes et homophobes. Ces propos sont inexcusables et leurs auteurs devront être condamnés.
La majorité des gilets jaunes ne sont ni homophobes ni racistes ni antisémites mais ils doivent condamner fermement ces dérives. La meilleure façon de se désolidariser de ces dérives est d’exclure tous les extrêmes des manifestations et de ne pas les laisser prendre la parole au nom du mouvement.
Ne pas faire de la politique politicienne
De nouvelles revendications naissent chaque jour au sein des gilets jaunes. Ces revendications n’ont plus aucun rapport avec la base de ce mouvement. Discuter du rôle du président de la République, du référendum d’initiative populaire ou de la VIème République est intéressant mais quel est le rapport avec le pouvoir d’achat ?
Instaurer un dialogue constructif avec le Gouvernement
Le dialogue est la clé pour tout dénouement d’un conflit. On est en droit de se demander quel est le but de ceux qui refusent ce dialogue. Accepter le dialogue veut dire aussi le préparer. Pour ce faire, les gilets jaunes devront préparer les ordres du jour des réunions, formuler et écouter les propositions.
Le Gouvernement devra de son côté écouter les revendications des gilets jaunes et ne pas seulement les entendre.
Nous avons la chance de vivre dans un état démocratique où le droit de manifester est un droit fondamental. Les gilets jaunes, s’ils veulent se faire entendre, devront exercer ce droit en toute légalité et se dissocier des extrémistes. Le Gouvernement, s’il veut la paix sociale, devra écouter le peuple qui l’a élu et ne pas oublier qu’il est le représentant de toute une Nation.
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